Le bonheur d'allaiter
Le plus beau cadeau de la Nature, après la maternité, c'est certainement l'allaitement. Quel bonheur de donner le meilleur de soi-même à ce tout petit ! Le lait maternel a beau être plein d'anticorps, de protéines, de peptides... c'est avant tout une merveilleuse source de Vie !
L'allaitement prolonge cet état de grâce que l'on ressent pendant sa grossesse. On continue à communiquer avec son bébé, par l'affectif, et c'est un excellent anti- "baby blues"...
Dans ces moments, on se sent seule, écrasée par la charge de devoir nourrir ce petit être qui dépend à 100% de nous, et l'on a bien souvent besoin d'un encouragement. Et pourtant, il ne faut pas se décourager, si l'on a envie, au fond de soi, de nourrir son bébé. Dans ces périodes difficiles, la sage-femme a continué à me rendre visite, à la maison, répondant à mes questions, me rassurant et me donnant des conseils quand j'avais mal. Sans elle, il est fort probable que je n'aurais pas eu la force de m'acharner.Toutefois, au début de l'allaitement, les périodes de doute et de découragement sont fréquentes. Seule l'obstination et la volonté permettent de ne pas céder aux biberons de complément, aux remarques du genre "Tu es sûre d'en avoir assez ?", à la fatigue des nuits interrompues trois ou quatre fois, aux "Un bon biberon de farine, et il dormirait ses 12 heures d'affilée !". Parfois, c'est le bébé qui nous donne du fil à retordre : une fois, il boit goulûment, avec application, la fois suivante, il lâche sans cesse le sein, quand il ne se rejette pas en arrière en criant à chaque gorgée... Et puis, comme il est difficile de supporter sans inquiétude les séances de pleurs de l'avant-soirée, où rien ne semble le consoler !
Une chose pourtant, ne m'a jamais inquiétée : savoir si le bébé avait "assez". Grâce au livre magnifique du Dr Marie Thirion sur l'allaitement, j'ai vite compris que la race humaine aurait depuis longtemps cessé d'exister si les mères n'avaient pas eu assez de lait pour nourrir leurs enfants !
Après deux mois de démarrage parfois difficile, l'allaitement devient un réel plaisir. Le bébé ne pleure plus de manière aussi désespérée quand il a faim, il émet de nouveaux petits cris, que l'on dirait de joie, ou d'impatience, à la vue du sein de sa mère qui se découvre, il boit avec application, ne perdant pas une goutte de ce précieux liquide, sans lâcher le mamelon, sans protester... Et après, quels moments d'appaisement, quels beaux sourires aussi, parfois !
Bien sûr, certains vous diront : "Mais on n'a plus une minute pour soi !", "On devient l'esclave de son enfant"... Peut-être est-ce un esclavage d'emmener son adorable bébé partout où l'on va, de ne pas perdre un seul de ses regards, de ses sourires, d'être là dès qu'il pleure... Après tout, le congé de maternité n'est-il pas fait pour cela ?
Mais voilà, tout cela a une fin, brusque ou progressive, mais en tous cas trop précoce, quand la Maman doit reprendre son travail. Le congé d'allaitement n'est pas un droit, et, dans le privé, il n'est pas facilement accordé. Sans parler des indépendantes, au statut encore moins favorable !
J'ai bien essayé de stocker du lait au congélateur, pendant les dernières semaines de mon congé, mais je ne parvenais à recueillir que de très petites quantités, et il me fallait 3 jours pour remplir un biberon. De plus, le stockage de mon lait devenait une telle obsession, que j'en rêvais la nuit, et que cela finissait par nuire au bon déroulement des "vraies" tétées, où le bébé se demandait soudain pourquoi il y avait moins de lait que quatre heures auparavant...
Après avoir essayé différents tire-laits, je suis tombée sur le bon modèle, et j'ai repris le travail, à 3 mois 1/2, tout en continuant à allaiter. Vers 5 mois 1/2, Ferdinand a demandé, de lui-même, à diversifier sa nourriture.
Autour d'un an, Ferdinand était merveilleusement épanoui. Les tétées du matin et du soir restaient des moments privilégiés, de tendresse, de rires, de câlins. Je ne trouvais aucune bonne raison de m'arrêter, et c'est le bébé qui a décidé, à 15 mois, de se sevrer, comme il a décidé, à presque six mois, de goûter "autre chose". Ah, j'oubliais, j'ai perdu 10 kilos